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Grégor Heuze
Crédits photo : © Philippe Levy

Grégor Heuze

régisseur

"Je n'ai pas l'impression que les gens vont moins aux concerts ou font moins la fête. Bien au contraire !"

 

Les débuts

"J'ai commencé la musique à Strasbourg et en Allemagne quand j'étais ado, avant de monter à Paris pour remplacer le batteur du groupe LTNO. J'ai atterri dans un lieu assez mythique qui s'appelait L'Hôpital Ephémère, un ancien hôpital du 18ème arrondissement transformé en locaux de répétition et en ateliers. Il y avait autant de musiciens que de plasticiens ou de danseurs. C'est là que j'ai rencontré Christophe Borca avec qui j'ai fondé le duo Interlope, en 1997, au début des samplers et de l'informatique. Ça a duré dix ans. Tous les métiers techniques que j'ai exercés ensuite, c'était pour avoir du temps à consacrer à mes propres projets."

 

Partis pris

"Le fait d'être musicien m'aide quand je fais de la régie, du tour management ou du backline. Je connais les besoins des artistes, ce qui me permet de tout bien préparer pour éviter les galères. Il faut réagir avec justesse et rapidité aux situations qui se présentent. Ça nécessite d'avoir une bonne psychologie et les nerfs solides."

 

Anecdote live

"En tant qu'artiste, je n'oublierai jamais la soirée du label Jarring Effets aux Vieilles Charrues en 2003, devant 10 000 spectateurs. En tant que technicien, j'ai bossé sur le dernier char du défilé Sidaction en 2015. Le groupe invité était Dope D.O.D., du hip hop hollandais ambiance film d'horreur. Il y avait plus de 4 000 personnes à la fin du cortège et il fallait gérer les gens qui essayaient de monter sur le char. Certains se faisaient mal, notamment une nana qui s'est foulée la jambe. Ça reste un excellent souvenir parce qu'il faisait beau, que j'étais assis sur le caisson de basse et que j'en prenais plein les oreilles !"

 

Le temps fort                                              

"Quand j'installe le matériel d'un groupe et que tout se passe bien, il m'arrive d'avoir un petit frisson pendant le concert. Je connais ce sentiment pour l'avoir déjà éprouvé en tant que musicien. Du coup, je me dis que j'aimerais bien de nouveau être à leur place !"

 

Le coup de blues

"Je n'ai pas forcément envie de devenir régisseur à plein temps. C'est dur parce que tu fais le tampon entre tout le monde, c'est sur toi que retombent les problèmes. Comme les horaires sont exigeants, on accumule beaucoup de fatigue et on peut parfois se sentir submergé."

 

#PLUSQUEJAMAIS

"Je n'ai pas l'impression que les gens vont moins aux concerts ou font moins la fête. Bien au contraire ! Ce qui a changé, c'est l'aspect sécuritaire. J'ai participé au mouvement des free party et il y a eu tellement de débordements que ce n'était plus possible, même si ça partait d'une bonne idée. Aujourd'hui, on observe des excès inverses dans certaines salles où les agents de sécurité exercent un flicage arbitraire. Il y a des endroits où je ne vais plus. Pour moi, le futur ce sont les lieux éphémères et insolites. Les gens qui sortent sont en demande de nouveauté, ils veulent échapper au cadre rigide des salles classiques. "

 

Interview réalisée par Michael Patin