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Patrick Goron
Crédits photo : © Philippe Lévy

Patrick Goron

Road

"Une tournée, c'est comme un bateau : s'il y en a un qui ne fait pas son boulot, tout le monde en pâtit."

 

Les débuts

"Quand j'étais jeune, j'étais très branché hard rock, et sur les pochettes de disques, il y avait les photos des musiciens et de leurs techniciens. Quand j'ai découvert Motörhead, j'ai appris que Lemmy avait été backliner de Jimi Hendrix. Ça m'a fait un peu rêver. Vers 17 ans, j'ai commencé à bidouiller avec des petits groupes, on allait faire des concerts en banlieue et dans les MJC. Après, j'ai été amené à filer des coups de main dans des salles parisiennes. C'était l'occasion de choper des autographes. À côté, j'avais un boulot dans une société de distribution de jouets. Les concerts me permettaient d'arrondir mes fins de mois. Quand j'ai été licencié, j'avais déjà les pieds dans le spectacle. J'ai fait ma reconversion tout seul."

 

Partis pris

"Dans ce boulot, il faut avoir de la jugeote et réagir vite. Ce n'est pas de la simple manutention. Il y a aussi tout un tas d'expressions spécifiques à maîtriser. Si on me dit "file-moi la soca", je sais de quoi on parle. Pareil pour un "Belgium flip" ou un "wheels to Jesus". Quand on est novice, on est parfois un peu perdu."

 

Anecdote live

"Un jour, l'attaché de presse de Motörhead m'a appelé parce que le groupe avait besoin d'un road pour son passage à Taratata. Un régisseur m'avait déjà calé sur un Zenith et je l'ai convaincu de me remplacer. Je suis donc parti avec le groupe au studio de télé, on a fait les répèt' et l'enregistrement, et on les a raccompagné à l'aéroport du Bourget. Là, d'un coup, un mec me tape sur l'épaule. Je me retourne : c'était Lemmy Kilmister ! Il m'a serré la main et remercié pour mon travail. J'avais les jambes en coton… Bien entendu, mon téléphone de l'époque ne prenait pas de photo. Le souvenir n'existe que dans ma tête."

 

Le temps fort

"Ce que j'aime, c'est quand je me rends compte que des artistes que je pensais inaccessibles sont en fait hyper gentils. C'était le cas de Lemmy et de David Bowie, que j'ai eu la chance de croiser sur une date à l'Olympia. Il m'a juste fait un signe de la tête, ce qui n'est rien en soi, mais ça révèle une attitude. Le problème vient souvent moins des artistes que de leur entourage. Pas seulement chez les Américains : c'est aussi très fréquent dans la variété française.

 

Le coup de blues

"Les horaires sont assez bâtards. On commence tôt le matin et on finit tard le soir. On peut aussi être obligé de repartir alors qu'on est avec ses enfants en train de manger. Il y a aussi les intempéries, le fait de devoir décharger sous le cagnard comme sous la pluie. Et puis il faut faire nos heures pour conserver le statut d'intermittent. Ce n'est pas simple dans la conjoncture actuelle."

 

#PLUSQUEJAMAIS

"Je pense qu'il ne faut pas oublier les gens du bas. Une tournée, c'est comme un bateau : s'il y en a un qui ne fait pas son boulot, tout le monde en pâtit. Et puis il faut que le public aille dans les concerts et achète des disques. Les gens ont de moins en moins de fidélité avec les artistes, je trouve ça dommage. La musique sert à se libérer l'esprit, à sortir un peu du train-train quotidien qui peut nous changer en moutons. Il faut soutenir toutes les sortes de musique, et surtout les musiques underground."

 

Interview réalisée par Michael Patin